
Ici on déconstruit !
Quelques informations ici sur des idées reçues qui font souvent plus de mal que de bien !
HPE
HPE : un concept non validé scientifiquement
Le HPE, notion popularisée dans les années 2010, ne bénéficie d’aucune reconnaissance officielle dans les classifications médicales ou scientifiques (comme le DSM-5 ou la CIM-11). Il ne repose sur aucun critère diagnostique standardisé, ni sur des outils d’évaluation validés. Sa définition varie largement selon les auteurs et praticiens : certains évoquent une “grande sensibilité émotionnelle”, une “empathie profonde” ou encore une difficulté chronique à gérer ses émotions, sans consensus sur la nature même du phénomène.
Critiques majeures
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Les critiques scientifiques dénoncent l’absence de démarche rigoureuse, ainsi que les définitions vagues, parfois contradictoires, et purement subjectives du HPE.
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La plupart des traits associés au HPE (émotivité forte, hypersensibilité, empathie) existent déjà sous d’autres concepts étudiés depuis longtemps, et bien mieux documentés dans la littérature scientifique : la psychologie des émotions, l’intelligence émotionnelle, la sensibilité sensorielle, etc..
Une réussite surtout médiatique et dans le développement personnel
Le succès du terme HPE tient principalement à sa récupération dans le coaching, le conseil en orientation, et sur les réseaux sociaux. Cette popularisation répond à une recherche de compréhension et de légitimité émotionnelle pour certains, mais ne repose pas sur des fondements scientifiques solides.
Problème de diagnostic et ce qu’il faut cibler
Lorsqu’on observe des difficultés manifestes de gestion émotionnelle (impulsivité, crises, débordements, retrait, etc.), la démarche rigoureuse préconisée par la majorité des spécialistes est d’en rechercher l’origine : trouble du spectre de l’autisme, TDAH, troubles de la personnalité, dépression, anxiété, stress post-traumatique, etc.. La “dysrégulation émotionnelle” est un symptôme transversal à de nombreux troubles et non un profil ou don spécifique. Ce symptôme doit être évalué pour identifier le trouble sous-jacent, et non enfermé dans une catégorie floue comme le HPE.
Conclusion
À ce jour, le HPE demeure donc un terme aux contours flous, non validé scientifiquement, et ne doit pas se substituer à une exploration sérieuse des causes réelles des difficultés émotionnelles : c’est la dysrégulation émotionnelle et ses origines multiples qui méritent l’attention clinique, pas un “haut potentiel” d’essence incertaine
HPI
HPI : un concept validé scientifiquement
Le Haut Potentiel Intellectuel (HPI) est un concept scientifique rigoureux désignant des individus présentant des capacités intellectuelles nettement supérieures à la moyenne, situées statistiquement dans les 2 à 2,3 % de la population ayant un quotient intellectuel (QI) supérieur à 130 mesuré par des tests standardisés (Wechsler, Stanford-Binet, etc.)
Définition scientifique et mesures
Le HPI est caractérisé par un score élevé à des tests de QI reconnus, composés de différentes échelles permettant d’évaluer la logique, la mémoire, la compréhension verbale, la vitesse de traitement et la capacité de raisonnement. Le seuil de 130 correspond à deux écarts-types au-dessus de la moyenne, une convention internationale pour délimiter le haut potentiel.
Réalité et spécificités
Contrairement à la plupart des croyances populaires, le HPI n’est ni une maladie, ni un trouble à diagnostiquer, mais une caractéristique statistique : on parle d’identification plutôt que de diagnostic. Les études ont pu montrer quelques particularités cérébrales et cognitives chez les HPI, dont une plus grande rapidité de raisonnement et des processus de pensée plus flexibles ou créatifs, mais aucune souffrance psychologique n’est systématique ni obligatoire. La majorité des personnes concernées mène une vie ordinaire ; le seul trait psychologique un peu plus marqué est souvent l’ouverture à l’expérience (curiosité intellectuelle, créativité).
Le mythe du “génie malheureux” et les dérives actuelles
La médiatisation croissante du HPI a entraîné de nombreux mythes : isolement, souffrance, inadaptation sociale, profils “atypiques” ou mélange avec d’autres notions non scientifiques (zèbre, douance, etc.). Les études sérieuses montrent que le QI élevé n’est associé ni à une pathologie intrinsèque, ni à une destinée singulière.
Identification et accompagnement
L’identification du HPI doit être confiée à un psychologue formé, car les tests sur internet sont peu fiables et de nombreux facteurs (anxiété, environnement, troubles associés) peuvent influencer les résultats. Quand elle est réalisée, cette démarche doit permettre d’orienter un accompagnement éducatif ou psychopédagogique adapté si besoin : ajustement scolaire, compréhension des particularités d’apprentissage, etc..
Conclusion
Le HPI, validé scientifiquement, est avant tout une mesure statistique d’un potentiel intellectuel élevé au sein de la population générale. Il s’agit d’une réalité objectivable par des tests sérieux, non d’un mode de fonctionnement “à part”, ni d’une catégorie clinique expliquant à elle seule toutes les singularités d’un individu.
Le TDAH
Un trouble souvent mal compris
Le trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est un trouble neurodéveloppemental reconnu scientifiquement, inscrit dans le DSM-5 et la CIM-11. Il ne s’agit ni d’un manque de volonté, ni d’un problème d’éducation, ni d’un effet de la société moderne. Le TDAH repose sur des particularités du fonctionnement cérébral impliquant la régulation de l’attention, de l’impulsivité et des émotions, en lien avec des circuits fronto-striataux et dopaminergiques bien documentés.
Des idées reçues tenaces
On imagine souvent un enfant “incapable de se concentrer deux secondes” ou “qui saute partout”. En réalité, le TDAH n’est pas une incapacité à se concentrer, mais une difficulté à réguler l’attention : l’enfant peut se montrer distrait pour certaines tâches, et au contraire hyperfocalisé sur d’autres activités qui le motivent. L’attention n’est pas absente, elle est instable, fluctuante et dépendante du contexte. De même, tous les enfants concernés ne sont pas hyperactifs : certains sont plutôt calmes, rêveurs ou lents, ce qui contribue souvent à un diagnostic tardif.
Une régulation émotionnelle fragilisée
Le TDAH ne touche pas seulement l’attention et le contrôle moteur : il s’accompagne fréquemment d’une difficulté à réguler les émotions. Ces personnes peuvent réagir avec intensité, passer rapidement d’un état à un autre, ou se sentir débordées face à la frustration, la critique ou le stress. Ce déséquilibre émotionnel ne traduit pas un manque de maturité, mais une vulnérabilité neurodéveloppementale touchant les circuits impliqués dans la gestion des affects et de l’impulsivité.
Ni surdiagnostic, ni mythe
L’idée d’un “surdiagnostic massif” repose souvent sur une méconnaissance des critères diagnostiques, qui exigent la présence de symptômes avant 12 ans, dans plusieurs contextes (maison, école, travail), avec un retentissement significatif. Dans les faits, le TDAH reste largement sous-diagnostiqué, notamment chez les filles, les adultes ou les profils sans hyperactivité manifeste.
Une approche globale nécessaire
Le TDAH n’explique pas tout : il coexiste souvent avec d’autres particularités (anxiété, troubles spécifiques des apprentissages, TSA, haut potentiel, etc.) et nécessite une évaluation pluridimensionnelle. La prise en charge repose sur une approche multimodale : psychoéducation, guidance parentale, aménagements scolaires ou professionnels, accompagnement psychologique et, dans certains cas, traitement médicamenteux.
En conclusion
Le TDAH est un trouble réel, validé scientifiquement, mais souvent déformé par les stéréotypes. Le réduire à un “enfant agité” ou “inattentif” revient à méconnaître la complexité de la régulation attentionnelle et émotionnelle qui le caractérise. Mieux le comprendre, c’est reconnaître la réalité du trouble et offrir aux personnes concernées un accompagnement adapté, fondé sur la science plutôt que sur les préjugés.
La démarche diagnostique : comprendre le fonctionnement sans réduire la personne
La démarche diagnostique est parfois perçue comme une forme d’étiquetage réducteur, voire comme un moyen de se déresponsabiliser face aux difficultés rencontrées. Cette représentation repose cependant sur une compréhension erronée de sa finalité. En clinique, le diagnostic ne vise ni à enfermer une personne dans une catégorie figée, ni à fournir une explication globale et définitive à l’ensemble de ses comportements. Il constitue avant tout un outil de compréhension du fonctionnement, permettant d’identifier des mécanismes sous-jacents, leurs limites et leurs répercussions concrètes dans la vie quotidienne.
Contrairement à une lecture simplificatrice, poser un diagnostic ne revient pas à excuser ou à justifier les difficultés, mais à déplacer le regard : quitter une interprétation morale ou volontariste (manque d’effort, de motivation, de maturité) pour une lecture fonctionnelle, fondée sur les données cliniques et développementales. En l’absence de ce cadre, les personnes sont souvent confrontées à des attentes inadaptées et développent une culpabilité chronique, un sentiment d’échec ou une estime de soi fragilisée. Le diagnostic permet ainsi de mettre des mots sur des difficultés vécues de longue date, sans pour autant nier la capacité d’évolution.
Un diagnostic ne définit ni l’identité, ni la valeur d’une personne. Il s’agit d’une grille de lecture partielle et contextuelle, centrée sur certains aspects du fonctionnement cognitif, émotionnel ou relationnel. Le risque n’est pas le diagnostic en lui-même, mais son usage rigide ou essentialisant, lorsqu’il devient une explication unique, appliquée indistinctement à toutes les situations. Utilisé avec nuance, il permet au contraire de mieux différencier ce qui relève de contraintes fonctionnelles, de l’histoire personnelle, de l’environnement, et des ressources mobilisables.
Sur le plan de la responsabilité, la démarche diagnostique ne supprime pas l’exigence ; elle la rend réaliste et opérante. Reconnaître l’existence de limites fonctionnelles ne signifie pas renoncer aux efforts, mais adapter les moyens pour atteindre les objectifs. Les aménagements et adaptations ne constituent pas une fin en soi : ils visent à soutenir le développement des compétences internes, et en particulier des capacités métacognitives, essentielles au fonctionnement autonome. Apprendre à comprendre son propre mode de fonctionnement, à anticiper ses difficultés, à ajuster ses stratégies et à évaluer leur efficacité constitue un levier central du changement.
Dans cette perspective, la responsabilisation ne disparaît pas ; elle se transforme. Elle ne repose plus sur des injonctions générales et souvent inefficaces, mais sur une responsabilisation éclairée, fondée sur la connaissance de soi et l’ajustement des stratégies. La démarche diagnostique s’inscrit alors non comme un enfermement, mais comme un outil d’émancipation, au service de l’autonomie, de la régulation émotionnelle et de l’adaptation durable aux exigences du quotidien.